Prévention du cancer du sein : où en sommes-nous et où allons-nous ? (3)
Ce dernier article sur la convention anuelle de l’ECP est consacré à la prévention de la maladie chez les jeunes femmes et au rôle joué par nos gènes.
Comment prévenir le cancer du sein, tel était le thème de la rencontre annuelle de l'Organisation European Cancer Prevention. Think Pink a apporté son soutien à ce événement lors duquel des experts de renommée mondiale ont échangé leurs vues. Découvrez dans cette série d'articles ce qui s'est dit à cette occasion ! Ce troisième et dernier article est consacré à la prévention de la maladie chez les jeunes femmes et au rôle joué par nos gènes.
La plupart des femmes qui ont un cancer du sein ont plus de 50 ans. On note cependant une forte augmentation du nombre de cas chez les femmes jeunes. C'est pourquoi le professeur Olga Golubnitschaja prône une prévention précoce.
Elle a cité le professeur Flammer, un ophtalmologue qui a découvert un syndrome chez les jeunes filles. Le problème réside dans l'idéal d'extrême minceur que poursuivent certaines jeunes filles. Alors qu'on pourrait s'attendre à ce que cet idéal soit bénéfique à la santé, on remarque que les femmes ultra minces présentent beaucoup de symptômes semblables à ceux des femmes en surpoids, comme par exemple le rétrécissement des vaisseaux sanguins. Un facteur parmi d'autres qui augmente le risque de cancer du sein chez ces personnes.
Comment réagir de manière préventive à ce phénomène ? Ces femmes sont trop jeunes pour un programme de screening. Il faut donc utiliser d'autres moyens. Et pour ce faire, inutile de chercher bien loin, selon le professeur Olga Golubnitschaja. « Nous travaillons sur des questionnaires pour les médecins traitants. Votre médecin traitant vous a-t-il un jour demandé si vous aviez souvent les mains et les pieds froids ? C'est ce genre de questions simples qui nous permet de détecter le syndrome de Flammer. Nous savons ainsi si elles font partie d'un groupe à haut risque pour le cancer du sein et nous pouvons les suivre de près. »
Des informations personnalisées de ce type, qui montrent à quel type de risque de cancer du sein on a affaire, constituent une solution importante pour l'avenir. D'après votre style de vie, il est possible de déterminer si vous appartenez à ce groupe à risque et quel est votre pool génétique. Des chercheurs ont déjà beaucoup appris sur les gènes et le cancer du sein, mais ils estiment n'en être encore qu’à la partie émergée de l'iceberg.
Quels sont les gènes qui jouent un rôle ? Le professeur Gad Rennert distingue des gènes qui se présentent souvent avec un risque relativement faible de cancer du sein et des gènes comme le BRCA qui sont plus rares, mais présentent un risque important de cancer du sein. On ne connaît pas encore le nombre de gènes qui jouent un rôle dans ce cancer ni comment ils interagissent entre eux. Les informations dont nous disposons sont continuellement adaptées, à mesure que nous en apprenons davantage. Par ailleurs, le professeur Rennert évoque également l’épigénétique, la science selon laquelle les mêmes gènes chez différentes personnes dans différentes circonstances ne mènent pas forcément au même résultat.
Le séquençage des gènes serait-il la solution de l'avenir ? En 2015, le président Obama a annoncé que les États-Unis allaient identifier le matériel génétique des Américains. Une énorme entreprise déjà menée à son terme en Islande. Leurs recherches ont démontré que le séquençage des gènes ne suffit pas à lui seul, comme l'explique le professeur Golubnitschaja. La clé réside dans la combinaison de notre matériel génétique, notre style de vie et notre environnement de vie. C'est en nous basant sur cette combinaison de données que nous devons pouvoir prédire si une personne aura ou non un cancer du sein. C'est en cela que consistera la médecine de l'avenir : détecter les risques personnels et prendre des mesures préventives ciblées avant que la maladie se manifeste.