Puis-je encore avoir des enfants ?

Bon à savoir
  • Il est très important que vous receviez les bonnes informations sur votre risque de stérilité au moment de votre diagnostic. Si vous souhaitez encore avoir des enfants, parlez-en avec votre médecin dès les premières consultations.
  • Il est possible de tomber enceinte après un traitement contre le cancer du sein. Il existe plusieurs techniques pour préserver votre fertilité, même si vous devez recevoir une chimiothérapie. 
  • Depuis 2017, un remboursement intégral de l’oncocongélation (congélation de matériel de reproduction pour utilisation ultérieure) est appliqué pour certaines affections, mais uniquement dans les centres signataires de la convention INAMI. Assurez-vous de vérifier cela auprès du centre de fertilité où vous êtes patiente. 
  • Les femmes enceintes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein peuvent dans la plupart des cas être traitées en toute sécurité et mener leur grossesse à terme.

Jusqu’à 20 % des patient(e)s atteint(e)s du cancer du sein ont moins de 40 ans. Le cancer du sein est différent selon l’âge. Souvent, il est plus agressif chez les jeunes, et le risque de rechute est plus grand. Le traitement doit donc être différent. Il affecte aussi souvent la fécondité des jeunes hommes et femmes, car la chimiothérapie n’attaque pas seulement les cellules cancéreuses: elle agit dans tout le corps.

Pendant la chimiothérapie, la production de follicules avec ovocytes cesse, arrêtant le cycle menstruel et vous mettant temporairement en situation de ménopause. Il est également possible que la chimio affecte gravement vos réserves d’ovocytes. Dans ce cas, elles seront considérablement réduites, voire intégralement touchées, après la chimiothérapie. C’est pourquoi il n’est pas toujours certain que vous puissiez encore tomber enceinte spontanément après votre traitement.

De même, les testicules peuvent (temporairement) produire moins de spermatozoïdes, voire ne plus en produire aucun. Et ces spermatozoïdes peuvent également devenir moins mobiles. Les effets de la chimiothérapie dépendent de votre âge, du type de chimiothérapie et des doses totales reçues.

Normalement, votre gynécologue ou votre oncologue en discutera avec vous avant le commencement du traitement. Vous n’avez peut-être pas la tête à cela à ce moment-là, mais c’est un sujet important auquel il faut bien réfléchir à l’avance.

L'influence du traitement sur mon corps

La stérilité liée au cancer du sein peut être la conséquence de la chimiothérapie: les ovaires sont touchés et le stock d’ovules diminue. En dessous de 30 ans, la fécondité revient généralement, car le stock d’ovules de ces femmes est suffisant. En cas de chimiothérapie entre 30 et 40 ans, toutefois, il y a un risque de stérilité durable important. L’âge-charnière se situe aux environs de 35 ans. Un traitement hormonal peut aussi reporter le désir d’enfants de quelques années. Celui-ci a également un effet indirect sur votre fertilité, car la réserve et la qualité de vos ovocytes diminuent naturellement avec le temps.

Environ 80 % des femmes qui sont atteintes d’un cancer du sein avant leur ménopause ont une forme de cancer hormonodépendant. Cela signifie que le cancer du sein se développe sous l’influence des hormones féminines. 

Le traitement de ces femmes inclut une forme d’hormonothérapie sur une période de plusieurs années. Il en existe trois types :

Blocage des récepteurs hormonaux (avec du tamoxifène)
Les médicaments administrés ressemblent fortement aux hormones féminines du corps humain. Ils se fixent sur les cellules cancéreuses, si bien que les hormones qui provoquent leur développement ne peuvent plus les atteindre et les cellules cancéreuses meurent.

La grossesse pendant la prise de tamoxifène est déconseillée, car elle comporte un risque de malformation chez l’enfant. La pilule contraceptive est également exclue (parce que le cancer est hormonodépendant), mais vous pouvez utiliser une autre forme de contraception. Vous pouvez en principe débuter une grossesse deux mois après avoir arrêté le traitement au tamoxifène.

Inhibiteurs de l’aromatase 
Un inhibiteur de l’aromatase contre l’activité de l’enzyme aromatase. L’aromatase intervient dans la production d’œstrogènes chez les femmes après la ménopause. Ce médicament n’est administré qu’après la ménopause, car il n’est pas assez efficace chez les femmes plus jeunes et ne fait qu’augmenter les taux d’œstrogènes, étant donné qu’il induit également l’ovulation.

Les médecins cherchent surtout à sauver votre vie, mais j’ai clairement dit d’emblée à mon gynécologue que je voulais encore un enfant à l’issue du traitement. Il a donc pris des mesures pour protéger ma fécondité. J’ai aussi fait prélever du tissu ovarien pendant l’opération de mon sein. C’était une intervention assez légère, via une opération chirurgicale exploratrice, au cas où. Mais j’ai eu de la chance et mes règles ont repris quelques mois après mon traitement. »

Valérie, 32 ans

Blocage temporaire de la fonction ovarienne 
Des préparations hormonales sont administrées pour bloquer provisoirement la production d’hormones féminines. La quantité d’hormones féminines dans le corps diminue ainsi sensiblement. L’action de ces médicaments dure le temps de leur administration. Chez 70 à 90 % des femmes, le cycle menstruel reprend dans l’année.

Certaines femmes avec une tumeur HER2/neu positive sont aussi traitées avec la thérapie ciblée trastuzumab (Herceptin®), qui bloque les protéines responsables de la croissance des cellules cancéreuses. La cellule cancéreuse grandit ainsi moins vite et est plus sensible à la chimiothérapie. L’Herceptin® est donc souvent administrée en combinaison avec la chimiothérapie.

« Le trastuzumab associé à la chimiothérapie entraîne l’absence de menstruation dans 75 % des cas », explique le docteur Philippe Van Trappen (chef du service de gynécologie et d’oncologie gynécologique de l’AZ Sint-Jan Brugge). « Au départ, nous ne savions pas quel était l’effet du trastuzumab pendant la grossesse. Par mesure de précaution, il était donc déconseillé de tomber enceinte pendant ce traitement. Une étude publiée en avril 2021 dans le BMC Cancer rapporte à présent que ce traitement présente effectivement des risques pour l’enfant à naître, surtout si le trastuzumab est administré au cours du deuxième ou du troisième trimestre. Il existe également un risque de carence en liquide amniotique ou de cardiotoxicité (effet indésirable sur le cœur) en cas d’exposition pendant la grossesse. »

Il est donc toujours déconseillé de tomber enceinte pendant le traitement par trastuzumab. Ce médicament est souvent utilisé pendant un à deux ans et vous devrez donc attendre pour commencer une grossesse. Le risque de grossesse spontanée diminue avec l’âge.

Le cancer du sein et ses traitements demandent de retarder une grossesse de deux à cinq ans. Votre âge et votre réserve d’ovules au moment du diagnostic jouent donc un rôle crucial pour votre fécondité à l’issue du traitement du cancer. Il est donc possible que vous ne soyez plus féconde deux à cinq ans après le diagnostic. 

Nathalie (38 ans)

Nathalie est l’heureuse maman d’une petite Mila (2 ans). Il y a dix ans, lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer du sein, elle n’aurait jamais cru cela possible. Début 2020, Nathalie a appris qu’elle faisait une rechute: elle a un cancer des os métastatique incurable.

L’essentiel, c’est d’écouter son instinct

En mai 2011, j’ai fait un très beau voyage à Singapour et en Indonésie avec mon compagnon. La sensation de détente que l’on ressent parfois après des vacances a vite fait place à l’incrédulité, à la peur et à de nombreuses larmes. Lors d’une visite chez mes beaux-parents, leur chien Laika m’a sauté dans le dos avec beaucoup d’enthousiasme. J’ai été surprise et j’ai mis ma main sur mon cœur et donc aussi sur ma poitrine. J’ai senti que quelque chose n’allait pas… J’ai appelé le gynécologue le jour même et j’ai heureusement pu avoir un rendez-vous deux jours plus tard. Le gynécologue m’a rassurée : c’était un fibroadénome, une tumeur bénigne. Il m’a renvoyée chez moi, et aucun examen complémentaire n’a été effectué.

Mon intuition était la bonne

Peu de temps après, je suis partie en France pour des vacances en famille. Je n’arrivais pas à me débarrasser de l’idée qu’il y avait autre chose. Les vacances sont passées et je suis retournée au travail. Mes collègues n’étaient pas rassurées non plus. J’ai donc décidé de prendre rendez-vous pour une échographie qui s’est avérée suspecte. Je suis donc restée plus longtemps pour faire une ponction. Trois jours plus tard, le verdict est tombé: j’avais un adénocarcinome canalaire modérément différencié, probablement depuis des années. Incrédulité, tristesse, impuissance, insécurité… Je suis passée par tous les stades que vous pouvez imaginer. J’avais 28 ans, j’étais en couple depuis deux ans et nous venions d’emménager ensemble. Nous avions déjà parlé d’avoir des enfants. Et puis ça !

Le début d’un long processus

Je savais que j’allais être malade, perdre mes cheveux… Mais le pire pour moi était d’avoir à repousser mon désir d’avoir des enfants et l’incertitude qui l’accompagnait. Pourrais-je encore avoir des enfants ? Le temps était compté : j’avais une tumeur hormonodépendante à 99 %. Il fallait donc commencer les traitements le plus tôt possible. La congélation d’ovules n’était plus possible. J’ai été très bien accompagnée par l’hôpital. J’ai commencé la chimio et j’ai été très malade, mais le traitement s’est avéré efficace. Grâce à cela, j’ai pu conserver mon sein. Par contre, les seize ganglions lymphatiques ont été retirés, car quatre étaient déjà touchés au niveau de l’aisselle. Nous sommes conscients de la chance que j’ai eue et sommes reconnaissants à Laika de m’avoir accueillie avec tant d’enthousiasme ce jour-là.

Le cœur brisé en secret

Après l’opération, j’ai eu 37 séances de radiothérapie et j’ai commencé à prendre du Nolvadex. À l’heure où mes ami(e)s commençaient à avoir des enfants, j’ai été ménopausée pendant cinq ans. Ça a été très difficile à vivre. J’ai essayé de rester positive, mais les larmes accueillaient en secret chaque annonce de grossesse, faire-part de naissance et invitation à une fête de naissance. Quand ma sœur a eu une fille en 2013, j’étais folle de joie. Les premiers mois après la naissance, j’ai passé beaucoup de temps avec elle et sa famille et j’ai gâté ma nièce Emma. Avec elle, je pouvais laisser s’exprimer mon instinct maternel. Je suis très reconnaissante à ma sœur et mon beau-frère de m’avoir permis de le faire. Sans le savoir, Emma m’a aidée à traverser cette période difficile.

Un espoir brisé

Le temps a passé peu à peu. Les cinq années d’hormonothérapie étaient enfin terminées. J’avais hâte d’avoir des enfants, mais avant cela, il fallait que mes règles reviennent. Trois mois après l’arrêt du Nolvadex et du Zoladex, un gynécologue de l’hôpital m’a fait une prise de sang. Deux jours plus tard, il m’a appelée pour m’informer que je ne pourrais pas avoir d’enfants. D’après les résultats, je n’avais plus d’ovules. Le gynécologue m’a dit que le mieux serait de refaire une prise de sang après mes premières règles. J’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Mon corps avait peut-être besoin de plus de temps pour récupérer… Je l’espérais en tout cas de tout cœur.

Désillusion

Trois mois plus tard – six mois après l’arrêt du Nolvadex – j’ai eu mes règles et j’ai immédiatement pris rendez-vous avec un médecin spécialiste de la fertilité dans un hôpital bien connu d’Anvers. Je ne voulais pas perdre une seconde de plus. Une nouvelle prise de sang a été réalisée, une échographie de mon utérus faite avec du liquide de contraste, et nous avons attendu les résultats avec impatience. Quelle déception ! On m’a annoncé que je n’avais plus d’ovules et que nous devrions envisager d’autres options. Je ne pouvais plus tomber enceinte.

Mon monde s’est effondré. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans enfants. Mes sœurs étaient prêtes à donner des ovules et même à porter notre enfant, mais mon compagnon était contre. Il voulait des enfants, mais ce n’était pas une nécessité pour lui. Du moins, c’est ce qu’il disait.

Finalement...

Six mois plus tard – un an après l’arrêt du Nolvadex – j’ai eu mon contrôle annuel. J’ai raconté mon histoire à mon oncologue et elle m’a conseillé de m’adresser à l’équipe Oncofertilité de l’UZ Brussel. Début janvier, j’ai pris rendez-vous et nous sommes allés consulter. Nous étions dans nos petits souliers. Là, on m’a dit que les prises de sang effectuées pendant la ménopause ne donnaient pas une image précise. On ne peut pas mesurer le nombre d’ovules restants lorsque vous êtes encore en ménopause. Des prises de sang ont été effectuées à divers moments de mon cycle et, en février, j’ai été invitée à revenir pour parler des résultats. Lorsque le médecin a dit que j’avais encore assez d’ovules pour concevoir naturellement, j’étais folle de joie. Nous ferions d’abord le voyage que nous avions prévu en Indonésie en mai et commencerions la FIV en juin, parce que je ne voulais pas attendre plus longtemps. Ce que j’ignorais à l’époque, c’est que j’étais déjà enceinte de Mila. Elle est née le 22 novembre 2018.

Rechute

Tout semblait terminé, et je savourais ma maternité. Mais en 2020, j’ai commencé à ressentir des douleurs dans les hanches et le cou. Les médecins m’ont de nouveau diagnostiqué un cancer : un cancer des os avec tumeurs multiples. Le verdict était lourd. Cette fois, le cancer est incurable. Les traitements visent essentiellement à combattre les douleurs et à prolonger ma vie.

Je veux vivre autant d’étapes importantes que possible dans la vie de ma fille. Je ne veux pas l’abandonner, alors j’essaie de lui laisser le plus de souvenirs, pour qu’elle sache qui était sa maman. C’est elle qui me pousse à m’accrocher.

Pour lire d’autres témoignages : think-pink.be/fr/Blog/

Les mesures préventives pour pouvoir encore être enceinte

Tomber enceinte après un traitement du cancer du sein est possible. Une étude a montré que 8 % des femmes diagnostiquées avant l’âge de 35 ans ont eu un ou plusieurs enfants après leur traitement. Le délai moyen entre le traitement et la grossesse est de 32 mois. Les médecins conseillent d’attendre deux à cinq ans après un traitement du cancer du sein pour entamer une grossesse. C’est dans cette période que le risque de récidive est le plus grand. Une grossesse n’augmente pas le risque de rechute.

De nos jours, de nombreuses techniques permettent de préserver la fertilité avant la chimiothérapie. Une telle décision se prendra suite à une conversation avec votre oncologue et le médecin spécialiste de la fertilité. Les spécialistes de la fertilité vous renseigneront sur les différents traitements possibles. Vous trouverez également plus d’informations sur brusselsoncofertility.be.

Si les circonstances le permettent, vous pouvez congeler les ovules matures après une stimulation hormonale et une ponction. Ce traitement prend environ 15 jours. Les chances de grossesse sont de 35 % en moyenne, mais cela dépend fortement du nombre d’ovules. Si vous avez un partenaire avec qui vous voulez des enfants, les ovules récoltés peuvent être fécondés immédiatement. Les embryons sont ensuite congelés. Les chances de succès de la congélation d’embryons sont d’environ 25 à 43 % par embryon.

Avec une tumeur hormonosensible, une stimulation hormonale des ovaires est également possible. Dans ce cas, examinez avec vos médecins les médicaments et l’approche spécifiques les plus adaptés pour démarrer un traitement de fertilité sans risque.

Parfois, le temps presse trop pour qu’une cure de stimulation soit possible. « Dans ce cas, nous prélevons des ovocytes immatures avant de commencer le traitement du cancer, sans cure hormonale préalable », explique le professeur Michel De Vos (médecin spécialisé en fertilité à l’UZ Brussel). « Ces ovocytes poursuivent leur maturation en laboratoire jusqu’à ce qu’ils soient prêts pour la fécondation et la congélation. Cette nouvelle technique s’appelle « Maturation In Vitro » (MIV). L’inconvénient est qu’il y a moins d’ovules matures qu’après une stimulation ovarienne. »

Un autre traitement ou un traitement supplémentaire pour préserver votre fertilité consiste à congeler les tissus ovariens. Lors d’une opération de consultation, le médecin de la fertilité prélève quelques fragments du tissu ovarien et les congèle à titre préventif. Ces fragments contiennent des follicules et des ovules à un stade très précoce de développement. Si vous souhaitez avoir un enfant, le médecin réimplantera les tissus par la suite, pour éventuellement déclencher une grossesse spontanée. Les chances de succès dépendent fortement de l’âge auquel vous avez fait congeler les tissus. À ce jour, dans le monde, près de 200 enfants sont nés après transplantation de tissu ovarien.

Le professeur Michel De Vos : « Afin de protéger leur fécondité, on peut administrer aux jeunes patientes du cancer un traitement, des analogues de la GnRH, pour mettre leurs ovaires en sommeil et ainsi préserver leur fécondité. Nous ne connaissons pas encore le mécanisme d’action de ces substances, mais elles réduisent l’effet toxique de la chimiothérapie sur la fonction ovarienne et augmentent les chances de fécondité. »

Selon la loi belge, les ovules et tissus ovariens peuvent être conservés pendant 10 ans, et les embryons pendant 5 ans. Cette période peut être prolongée pour des raisons médicales. Si vous subissez une chimiothérapie après un diagnostic de cancer du sein, vous avez droit au remboursement d’un traitement pour la fertilité : congélation d’ovules, de tissus ovariens ou de sperme. La congélation des embryons par FIV est également remboursée. Vous avez droit au remboursement de six traitements par FIV, exactement comme les patients non cancéreux dont la fécondité est réduite. Il en va de même pour les porteurs(ses) d’une mutation génétique susceptible de provoquer un cancer du sein ou de l’ovaire. 

Le diagnostic «cancer du sein» est tombé exactement deux semaines après que nous nous étions lancés une nouvelle fois dans l’aventure médicale d’un deuxième enfant. Le cancer a mis fin à nos espoirs, mais d’un autre côté, si je n’avais pas été diagnostiquée et que j’avais commencé à prendre des hormones ou étais tombée enceinte, je serais certainement morte, parce que personne n’aurait détecté une grosseur cancéreuse dans mon sein. C’est ce qui me console dans les moments de tristesse. Je préfère que ma fille garde sa maman plutôt que d’avoir un frère ou une sœur. »

Anita, 35 ans

La chimiothérapie et l’hormonothérapie peuvent également entraîner une stérilité ou une fertilité réduite chez les hommes. Le risque dépend à nouveau de votre âge et du type de chimiothérapie ou d’hormonothérapie. Les hommes peuvent donc envisager de faire congeler leur sperme avant le traitement.

« Il est donc très important que vous soyez bien informé(e) des risques d’infertilité au moment du diagnostic », souligne Ellen Van Moer (coordinatrice en oncofertilité à l’UZ Brussel). « Parlez-en à votre médecin s’il n’aborde pas lui-même le sujet. »

Il est possible qu’en dépit de toutes les mesures prises, vous ne parveniez pas à avoir d’enfant après votre traitement. L’idée que vous ne pourrez plus être mère ou père peut avoir de lourdes conséquences psychologiques, même si vous avez déjà des enfants. Une fois encore, si vous sentez que ce sujet est lourd à porter, parlez-en. Avec votre entourage, avec l’infirmière coordinatrice et/ou avec le psycho-oncologue. 

Devenir mère en ayant un cancer du sein

Il est possible d’avoir un cancer du sein pendant une grossesse, mais c’est rare. On estime qu’une femme enceinte sur trois mille développe un cancer du sein. En Belgique, cela représente environ quarante femmes enceintes par an. Le diagnostic est souvent posé à un stade plus tardif, parce que les femmes enceintes ont des tissus glandulaires plus denses. Une tumeur est donc plus difficile à sentir et à voir. Les médecins prescrivent aussi moins volontiers une mammographie par crainte des rayons X. Une mammographie est, du reste, plus difficile à interpréter chez une femme enceinte.

Un tel diagnostic signifiait autrefois que la grossesse devait être interrompue pour soigner la femme, ou que la thérapie devait être reportée jusqu’après la naissance du bébé. Avec tous les risques que cela supposait pour la future maman. On sait aujourd’hui qu’il n’y a aucune raison de ne pas traiter les femmes pendant leur grossesse.

Au moment du diagnostic, je n’avais même pas encore senti mon bébé bouger. Je ne le considérais pas encore comme un enfant. Ma propre survie était alors ma préoccupation première. Mais finalement, c’est ma grossesse qui m’a aidée à supporter tout le traitement. J’y ai puisé une force énorme. Je ne sais pas si je me serais aussi bien battue sans cette nouvelle vie que je sentais grandir en moi. »

Sophie, 29 ans

La chimiothérapie commence de préférence à partir du quatrième mois. Diverses études ont montré que la majorité des produits de chimiothérapie atteignaient moins le fœtus, protégé par le placenta. Avant quatre mois, la chimiothérapie présente un risque plus grand de malformation et de fausse couche. C’est le contraire dans le cas de la radiothérapie. L’embryon est au début trop petit et le torse de la femme peut être irradié sans risque. Mais plus le bébé grandit, plus la radiothérapie peut l’affecter. 

La Belgique est une autorité mondiale en la matière : le professeur Frédéric Amant, de la KU Leuven, étudie depuis 2005 les effets d’un traitement du cancer de la maman sur la santé et le développement de l’enfant. Les premiers résultats de ce travail de pionnier sont étonnants et rassurants. Les chances de guérison des femmes enceintes sont identiques à celles des jeunes femmes qui ne sont pas enceintes. Et pour l’enfant, la naissance prématurée présente plus de risques que la chimiothérapie. L’équipe du professeur suit actuellement plus de cent enfants nés après un traitement du cancer de leur maman. Les tests montrent pour l’instant que leur condition physique et mentale est aussi bonne que celle des autres enfants.

Plus d’informations sur canceretgrossesse.be