Combien coûte mon traitement ?

Bon à savoir
  • L’assurance soins de santé est obligatoire en Belgique. La mutualité à laquelle vous êtes affilié(e) vous rembourse une grande partie de vos frais médicaux, mais une partie reste à votre charge.
  • Contactez votre mutualité, votre assurance hospitalisation si vous en avez une et l’hôpital. Informez-vous bien sur le coût exact de chaque intervention. Demandez-leur de vous confirmer sur papier ou par e-mail ce qui est remboursé et ce que vous devrez payer vous-même en tant que patient(e).
  • Le cancer du sein vous apporte son lot d’émotions. Vous ne voudrez pas forcément avoir en plus à vous soucier des questions de coûts, mais cela vous évitera d’être confronté(e) à de mauvaises surprises financières à un moment difficile.
  • Si vous avez une assurance hospitalisation, n’hésitez pas à demander quels frais elle couvre: frais de transport, aide à domicile, médication, achat d’une perruque, etc. La couverture varie en fonction du type de d’assurance que vous avez contractée.

Le traitement du cancer coûte cher. Grâce à la sécurité sociale, nous ne payons qu’une fraction de nos frais de santé, mais pour une partie de la population, le coût d’un traitement reste un problème, en particulier celui du cancer, car le traitement peut durer des années.

L’assurance soins de santé est obligatoire en Belgique. La mutualité à laquelle vous êtes affilié(e) vous rembourse (une partie de) vos frais médicaux et vous verse une allocation en cas d’incapacité de travail. Mais cette allocation est naturellement loin d’être aussi élevée que votre salaire, et vous devez assumer vous-même une grande partie des frais médicaux : le ticket modérateur pour les visites médicales, les examens, les médicaments non remboursés, l’achat d’une perruque, les frais d’hospitalisation, etc.

Le professeur Liv Veldeman (radiothérapeute à l’UZ Gent) : « Il est certain que pour les maladies chroniques, la facture peut très vite grimper. Nous hésitons parfois à prescrire un pansement coûteux, car nous savons que le/la patient(e) ne peut pas le payer. Il existe un médicament, le Zometa, qui freine la résorption osseuse et réduirait même le risque de métastases osseuses. Nous le proposons à l’hôpital, mais il n’est pas remboursé. Il ne sera donc administré que si le/la patient(e) peut le payer. Nous essayons que les prix restent abordables pour les patient(e)s, mais cette note vient s’ajouter à tous les autres coûts. Et pour les personnes qui ont déjà des difficultés financières, cela peut être un problème. »

Une étude de 2011 réalisée par l’association « Kom op tegen Kanker » démontre que le cancer peut conduire les personnes ayant un revenu normal à la pauvreté. Le revenu de remplacement, dont ils dépendront pour une longue durée, n’est pas suffisant pour les dépenses médicales parfois très élevées. Le cancer coûte en moyenne 100 euros de plus par mois, et ce précisément à un moment où vous avez moins de revenus.

En 2020, LUCAS KU Leuven a réalisé, à l’initiative de Think Pink, une enquête sur les besoins psychosociaux des femmes qui ne sont plus en traitement et ont reçu leur dernier traitement contre le cancer du sein au maximum trois ans auparavant. Il en ressort qu’un certain nombre d’entre elles avaient alors encore des frais médicaux à supporter du fait du traitement, et qu’environ un tiers des participantes avaient effectivement connu des difficultés financières pendant le traitement.

Et si j'ai des difficultés financières ?

Si vous avez des difficultés financières, prenez contact avec le service social de l’hôpital, de votre mutualité ou du CPAS. En Belgique, l’assurance maladie est obligatoire. Cela vous donne droit à toutes sortes d’interventions, notamment en tant que patient(e) atteint(e) d’un cancer. Certaines d’entre elles sont automatiques, mais la plupart doivent être demandées. Cela prend beaucoup de temps et requiert des efforts. Souvent, il est également compliqué de savoir ce à quoi vous avez droit exactement.

Un(e) assistant(e) social(e) peut vous aider à y voir plus clair et à assurer le suivi administratif de votre dossier. Les patient(e)s atteint(e)s d’un cancer peuvent ainsi bénéficier d’interventions spécifiques pour des pansements, un port-à-cath, un traitement conservateur de la fécondité, etc. Même si vous n’êtes pas en règle auprès de votre mutualité, le service social peut vous aider.

Je venais juste de déménager quand j’ai appris que j’avais une forme très agressive de cancer du sein. Ça ne pouvait pas plus mal tomber. Quand une mère célibataire avec 3 enfants à la maison, perd d’un coup 60 % de ses revenus, la situation devient critique. Ma maison n’était pas encore aménagée et je n’avais ni l’énergie, ni l’argent pour faire face à cette situation. »

Patricia, 42 ans

En ce qui concerne l’achat d’une perruque ou d’un bonnet, le Fonds Coupe d’Éclat de Think Pink peut aider les personnes en difficulté financière. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet à la page 167.

Où puis-je m'adresser pour obtenir un soutien financier ?

Le fonds cancer

Vous habitez la Région flamande ou la Région de Bruxelles-Capitale ? Le Fonds Cancer de Kom op tegen Kanker et de la Fondation contre le cancer accorde une aide sous certaines conditions telles que le revenu familial, les frais mensuels, le rapport entre les dépenses médicales minimales et le revenu… Si vous êtes éligible, vous recevrez une aide forfaitaire unique par année, pour chaque dossier de demande.

Bon nombre de personnes qui font appel au Fonds Cancer n’ont pas d’assurance hospitalisation parce qu’elles ne peuvent pas se le permettre ou parce qu’elles n’ont pas songé à contracter une telle assurance à temps. Pour d’autres personnes, les coûts du traitement contre le cancer ne sont pas ou très peu remboursés parce qu’elles n’ont contracté une assurance hospitalisation qu’après le diagnostic du cancer. Faites donc attention si vous contractez une nouvelle assurance et que vous souhaitez résilier l’ancienne. Demandez bien quelles en sont les conséquences et assurez-vous de bien recevoir une preuve sur papier ou par e-mail. Tenez aussi compte du fait que certaines interventions ne sont pas couvertes par l’assurance hospitalisation.

Le fonds spécial de solidarité (FSS)

Le Fonds spécial de solidarité (FSS) constitue un filet supplémentaire en sus de la couverture « ordinaire » de l’assurance obligatoire soins de santé. Ce fonds a été spécialement mis en place pour faire face aux dépenses exceptionnellement lourdes qu’entraînent les traitements des maladies graves. Certains soins ou médicaments ne sont, en effet, pas remboursés ou sont particulièrement chers. Le FSS n’intervient que si vous avez épuisé toutes les autres possibilités de remboursement, qu’il s’agisse de l’assurance obligatoire, de l’assurance complémentaire ou des assurances privées. Le budget du FSS étant limité, son intervention est soumise à de strictes conditions.

Si vous vous trouvez dans cette situation, contactez le service social de l’hôpital ou de la mutualité. Celui-ci analysera l’opportunité d’introduire la demande auprès du FSS. Vous trouverez plus d’informations sur les conditions d’admissibilité sur le site de l’INAMI, inami.fgov.be.

Le CPAS

Vous ne vous y retrouvez pas dans les nombreuses démarches administratives à effectuer, ne pouvez pas payer vos factures ou ne savez pas qui peut vous aider pour certaines 
choses ? Dans ce cas, vous pouvez contacter le CPAS de votre commune. Sa mission consiste à vous informer et à vous accompagner.
 

Intervention majorée

Il existe également certaines prestations sociales pour les personnes dont les revenus sont limités. Certain(e)s patient(e)s ont droit, sous certaines conditions, à une intervention majorée telle qu’un remboursement plus élevé des consultations, des visites médicales ou encore des médicaments. Et en cas d’hospitalisation, la quote-part personnelle est moins importante. D’autres avantages tels que des tarifs sociaux pour le gaz, l’électricité ou les transports publics par exemple sont également d’application. 

Comment savoir si vous avez droit à l’intervention majorée ? Regardez sur une vignette de votre mutualité: au bas de celle-ci se trouve un code. Vous avez droit à l’allocation majorée si ce code se termine par 1. Si vous ne recevez pas automatiquement l’intervention majorée pour vos soins de santé, vous pouvez en faire la demande auprès de votre mutualité.

Régime du tiers payant

Les personnes qui ont une assise financière (temporairement) moindre peuvent également demander à ne payer que le ticket modérateur de leur consultation chez le médecin généraliste. Ce système est appelé le système du tiers payant. Par ailleurs, toute personne disposant d’un DMG (dossier médical global) peut obtenir de la mutuelle, une réduction de 30 % sur la partie qui est financièrement à sa charge (consultations + visites à domicile). N’hésitez donc pas à le demander si vous n’en avez pas encore. 

Plus d’infos sur le DMG via le portail de la Sécurité Sociale: belgium.be/fr/sante/cout_des_soins/dossier_medical_global 

Remboursement du refroidissement du cuir chevelu, des mains et des pieds

La perte des cheveux peut avoir un impact important sur les patient(e)s touché(e)s par le cancer (du sein). Le refroidissement du cuir chevelu peut réduire ou prévenir la chute des cheveux. Chez certain(e)s patient(e)s et suivant le type de chimiothérapie, le taux de réussite peut monter jusqu’à 70 %. Certaines chimiothérapies affectent également les ongles et les nerfs. Le refroidissement des mains et des pieds peut dès lors également être une solution. Plusieurs hôpitaux belges proposent ces traitements. Actuellement, ces hôpitaux financent par eux-mêmes ces coûts. Mais cette situation n’est pas tenable à long terme.

Pour éviter que les patient(e)s n’aient à payer ce traitement à l’avenir, et que certain(e)s ne puissent malheureusement pas en bénéficier parce qu’il serait trop onéreux, un remboursement (partiel) est capital. C’est pourquoi nous avons lancé une pétition avec l’UZ Leuven afin de demander à l’INAMI et aux mutualités belges qu’un remboursement soit prévu pour le refroidissement du cuir chevelu, des mains et des pieds en cas de chimiothérapie.

Le 17 juin 2021, nous avions déjà recueilli 16 525 signatures. Le 18 juin 2021, nous nous sommes réunis avec des représentants de l’UZ Leuven et de l’INAMI pour examiner les possibilités de remboursement. Vous trouverez les informations les plus récentes concernant ce dossier sur think-pink.be.

Le droit à l'oubli

En tant que (ex-)patient(e) atteint(e) d’un cancer, il était souvent difficile, voire impossible, de souscrire une assurance solde restant dû. Cette assurance vise à couvrir le remboursement de votre emprunt hypothécaire en cas de décès. Les banques exigent généralement la souscription d’une telle assurance comme condition préalable à l’octroi d’un prêt hypothécaire. Si, pour les médecins, vous étiez guéri(e), les assureurs faisaient souvent des difficultés. Les personnes qui avaient été touchées par le cancer du sein se voyaient refuser cette assurance, étaient confronté(e)s à des reports (de plusieurs années) ou devaient parfois s’acquitter de surprimes élevées pour «raisons médicales».

Depuis le 1er février 2020, elles ont le « droit d’être oublié(e)s ». Cela signifie que l’assureur ne peut plus refuser d’assurer une personne qui a été touchée par le cancer du sein ou facturer une prime plus élevée si la personne est en rémission complète depuis au moins 10 ans. L’arrêté royal entré en vigueur le 1er avril 2020 va encore plus loin. Il mentionne un certain nombre de types de cancer pour lesquels la période de dix ans est raccourcie. Pour certains cancers du sein, la durée est même réduite à un an.

Si vous avez déjà une assurance solde restant dû et souhaitez exercer ce droit, vous pouvez mettre un terme à votre contrat actuel et en conclure un nouveau. Dans ce cas, consultez votre contrat pour savoir comment faire.

Assuralia, l’union professionnelle des entreprises d’assurances, a récemment décidé d’étendre ce « droit à l’oubli » à l’ensemble des assurances à revenu garanti à partir de février 2022. Les personnes en rémission totale dix ans après le traitement, doivent donc pouvoir s’assurer sans problème et sans frais supplémentaires contre la perte de revenus en cas d’incapacité de travail.

Cela fait de la Belgique le premier pays où le « droit à l’oubli» s’applique également à l’assurance revenu garanti. L’association Kom op tegen Kanker demande maintenant au gouvernement d’inscrire cette extension dans la loi. Cela permettrait de raccourcir les délais pour certains types de tumeurs.

Plus d’informations sur think-pink.be